BLANC, HISTOIRE D’UNE COULEUR

1971, en quelques photos qui font le tour du monde, Bianca Jagger dépoussière le style “mariée”. Veste de smoking Yves Saint Laurent, jupon de soie et grande capeline, enceinte de 4 mois, la mariée était en blanc. Et radieuse.

Heureuse comme la Reine Victoria qui avait choisi le blanc pour prendre époux, le 10 février 1840. Ce mariage l’un des plus spectaculaires et les plus heureux de la saga royale anglaise, avait fait l’objet d’une couverture médiatique sans précédent. En quelques photos, Victoria inspira des millions de jeunes filles qui voulaient vivre le même conte de fée, et à défaut de prince adoptèrent le blanc.

Car oui, si le blanc est depuis la nuit des temps universellement associé à la virginité, à la pureté, à l’innocence, la tradition de la robe blanche ne date que du dix-neuvième siècle. Au moyen-âge, on choisissait des robes colorées pour se marier, et lorsque l’infante Maria Teresa, princesse espagnole épouse Louis XIV, le 9 juin 1660, la mariée était en noir.

Pur, virginal, le blanc est également divin. On y coupe les robes papales, les smokings des rocks stars, et une robe dont le jupon se souleva au-dessus d’une bouche d’aération. On l’utilise pour peindre les anges, et c’est dans les marbres ou l’argile les plus blancs que l’on taille ou modèle les Saints.

C’est la couleur d’une blouse, que le professionnel de santé revêt tel un costume pour visiter les patients…. A l’hôpital, tout est blanc… Pure et virginale, la couleur des religieuses est étroitement liée à l’hygiène. Moisissure, crasse, le blanc ne dissimule rien, à part peut-être les bactéries mais résiste à de hautes températures de lavage… Il faudra attendre la grande guerre pour qu’un chirurgien américain dont l’histoire a oublié le nom, s’agace de ce sang qui maculait sa blouse blanche et décide d’adopter le vert pour opérer au bloc.

En Asie, le blanc est aussi la couleur du deuil.

C’est la couleur de la paix, la couleur d’un drapeau, la couleur d’une colombe….

C’est un chèque qui exprime un soutien sans faille….

On a longtemps dit que le blanc n’était pas une couleur. La faute à Newton qui l’élimina avec son opposé le noir, au motif qu’il n’y a ni noir, ni blanc dans l’arc en ciel.

La faute à l’imprimerie, car lorsque le papier devint le principal support d’impression, on assimila le blanc à l’absence de couleurs.

On sait aujourd’hui que le blanc est une couleur à part entière. Pour l’historien Michel Pastoureau, “le blanc est la couleur qui donne leur équilibre, leur valeur à toutes les autres”.

Vous n’êtes pas convaincus ? Regardez les villas blanches et les appartements de Le Corbusier…

Pourtant le manque et l’absence perdure dans notre vocabulaire : une pages blanche, une nuit blanche, une balle à blanc….

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